> Economie : Pourquoi le déficit extérieur de la France explose

Publié le par enerli

75 milliards d'euros : ce devrait être le montant - exceptionnellement élevé - du déficit extérieur français cette année. Le calcul n'est pas difficile à faire. Au cours du premier semestre, la différence entre nos importations et nos exportations se monte à 37,5 milliards. Il suffit donc de multiplier par deux.


Habituellement, ce genre de calcul est dangereux: en économie, les tendances peuvent varier fortement d'un semestre sur l'autre. Cependant, notre déficit semble avoir trouvé un nouveau point d'ancrage mensuel, autour des 6 milliards d'euros, constatent les experts. Au cours des douze derniers mois, le déficit extérieur français atteint le niveau vertigineux de 67,21 milliards d'euros, un record absolu.


Pour expliquer cette déconfiture, certains ne manqueront pas d'évoquer le coût de la facture pétrolière. Pour autant, la réalité est tout autre, estiment les économistes de la compagnie financière Assya. La cause profonde de notre déficit extérieur, c'est le manque de compétitivité. Notre spécialisation sectorielle est trop peu focalisée sur les biens d'équipement (22% de nos exportations, contre 50% outre-Rhin). Ce secteur est pourtant celui qui bénéficie le plus des phases de reprises.


La production nationale ne répond pas aux besoins des Français


Autre handicaps: notre premier partenaire commercial reste la zone euro, qui est la lanterne rouge de la croissance mondiale depuis dix ans; les coûts de production, les contraintes réglementaires et la pression fiscale incitent les entreprises françaises à produire à l'étranger ; les importations françaises demeurent trop fortes, notamment parce qu'il existe trop de produits qui ne sont plus fabriqués dans l'Hexagone. En d'autres termes, la production nationale répond de moins en moins aux besoins de consommation des Français.


N'en jetez plus, la coupe est pleine. Enfin, pas tout à fait: la France a aussi un problème avec ses PME. En effet, si de grands industriels français tels que Airbus, Alstom ou encore Areva, signent d'importants contrats à l'étranger, ce qui montre bien que la technologie française est extrêmement compétitive, les PME, elles, ont du mal, confirme Bertrand Macabéo, Directeur général de Kompass International. Or celles-ci représentent 90% des entreprises françaises et 80% des salariés !


Sur ce terrain, la comparaison avec l'Allemagne fait mal. Notre voisin dispose de 300 000 entreprises exportatrices, ce qui représente trois fois la force de frappe française, estimée à 90 000 entreprises! Autre chiffre difficile à encaisser: la France, compterait environ 30 000 exportateurs "accidentels", c'est-à-dire des entreprises qui pour une raison ou pour une autre, ne parviennent pas à faire de l'exportation une stratégie pérenne. Ces problèmes vont bien au-delà du gonflement de la facture énergétique. Et ils coûtent cher: plombée par le déficit extérieur, notre croissance risque de devenir légèrement négative au troisième trimestre.

 

 Src : Sébastien Julian du jeudi 15 septembre 2011 © L'Expansion - L'Express

 

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